Par Delphine Klopfenstein Broggini, présidente des Vert.e.s genevois.e.s et conseillère nationale. Ce test paru le 3 décembre 2020 dans son Blog du Temps. 

L’intimité entre l’art de la scène et le public existe depuis plus de vingt-cinq siècles. Cette interaction nécessaire entre le public et l’art est suspendue actuellement par les règles sanitaires et la mission des artistes dramatiquement interrompue. Bien sûr, dehors, la pandémie continue de faire des ravages et la protection de la population, celle des artistes y compris, doit rester une priorité pour la collectivité publique… tout comme la préservation de la capacité de nos hôpitaux et de notre système de santé.

Le spectacle qui se déroule sous nos yeux, loin d’être un hymne à la culture, est une ode à la consommation à tout prix et sous toutes ses formes. Par ici on fait le forcing pour rouvrir tous les magasins, pour assurer le plein d’achats avant Noël. Par-là, on libère les stations de ski, pour faire tourner à plein régime les remontées mécaniques, rouvrir les hôtels et les restaurants des pistes. La majorité de droite du Conseil national vient d’accepter une déclaration invitant la Suisse à supprimer toute prescription plus stricte en lien avec la Covid-19 pour les sports d’hiver. Alors que la Suisse est régulièrement pointée du doigt dans le monde pour son laisser-faire dans cette crise sanitaire sans précédent, et que nous avons été plusieurs semaines de suite un des pays les plus touchés en Europe, la majorité de droite du Conseil national fait non seulement fi de notre système de santé sous pression, mais également des pratiques de nos voisins les plus proches (France, Allemagne, Italie).

L’ouverture à tout va risque bien de remettre à plus tard un retour à la normale. Dans la frénésie d’une économie, qui ne peut se mettre en pause, même quand des vies humaines sont en jeu, on laisse au second plan certains secteurs, notamment la culture. Ce milieu-là représente notamment 10% de notre PIB. Son rôle est crucial, nous devons donner du sens à ce que nous vivons actuellement et les artistes peuvent le faire. La culture, celle qui nous permettra de retisser des liens et qui appelle au secours depuis plusieurs mois, ne doit pas être oubliée.