[Motion] Notre avenir sera le bois… ou ne sera pas ! Construisons plus en bois à Genève pour un urbanisme apaisé et apaisant !
Philippe Poget
Motion déposée par Philippe Poget en février 2021
Texte complet: M 2736
Exposé des motifs:
Dans le contexte actuel de l’urgence climatique et de la nécessité d’arriver
à une neutralité carbone d’ici à 2050, il n’est plus admissible de ne pas
utiliser toutes les possibilités que nous offre une ressource locale et
renouvelable comme le bois dans les constructions.
L’urbanisme que nous connaissons ne profite pas suffisamment des atouts
que peut offrir ce noble matériau. Certes, nous connaissons tous quelques
exemples de constructions, souvent emblématiques, utilisant le bois. Nous
pouvons citer le Palais de l’équilibre, la halle 7 de Palexpo, le collège de la
Seymaz, l’ensemble Rigaud 55 à Chêne-Bougeries, l’Opéra provisoire des
Nations et le nouveau centre d’hébergement collectif de Rigot construit juste
à proximité par l’Hospice général.
Il est maintenant nécessaire d’intégrer plus largement ce matériau, en
matériau unique ou en mixité avec d’autres matériaux, dans toutes les
constructions.
Et nous devons le faire avec du bois suisse ou de proximité dans notre
région transfrontalière, d’origine certifiée et bénéficiant d’une gestion
durable. Le canton de Fribourg a lancé récemment une action dans ce sens en
allouant un montant de 500 000 francs pour soutenir l’économie forestière
par le biais d’une prime pour l’utilisation du bois fribourgeois dans la
construction.
Il est évident que nous ne pourrons pas exiger du bois uniquement
genevois, vu la superficie des surfaces forestières cantonales et la qualité trop
faible des bois produits qui sont encore majoritairement utilisés sous forme
de bois énergie. Mais la forêt en Suisse produit naturellement plus de bois
que ce que nous prélevons et le territoire du Grand Genève, avec 41% de sa
surface occupée par de la forêt, est à même de fournir le bois permettant de
construire entre 4000 et 5000 logements par année ; ceci sans porter atteinte
aux écosystèmes forestiers et en garantissant même une gestion favorable à
un bon équilibre des forêts.
En augmentant la quantité de bois utilisée dans les constructions, nous
pouvons :
- contribuer à un entretien et une exploitation durable et écologique de nos
forêts qui nous fournissent par ailleurs gratuitement de nombreuses
prestations (protection contre les dangers naturels, biodiversité, accueil et
délassement de la population, filtration de l’eau, paysage, fixation du
carbone,…) ; - soutenir une économie locale du bois (charpentes, menuiserie,
ébenisterie,…) et de la forêt (entreprises forestières, scieries) et la
formation dispensée par nos écoles professionnelles (CFPC, HEPIA
notamment) – la valeur ajoutée reste locale et contribue ainsi à assurer et
à créer des emplois dans l’ensemble de la filière ; - contribuer à la décarbonation de notre économie en fixant plus de tonnes
de carbone dans le bois mis en oeuvre – utiliser du bois contribue
concrètement à la réduction de l’effet de serre ; - diminuer les distances de transport – l’exploitation et la transformation du
bois ne nécessitent que peu d’énergie grise et n’engendrent pas de longues
distances de transport ; - permettre de réduire la durée de construction2 et ainsi des impacts sur le
voisinage ; - rendre la ville plus agréable et apaisée par le sentiment de douceur et de
beauté que fournissent les bâtiments et le mobilier urbain en bois.
Les avantages du bois dans la construction sont connus et doivent nous
convaincre sans hésitation à une utilisation accrue du bois.
Construire avec du bois signifie non seulement prendre en considération
les besoins de l’environnement et de l’économie d’aujourd’hui, mais
également penser à la qualité de vie des générations futures, argument
primordial si l’on raisonne en termes d’efficacité énergétique, de protection
du climat, de santé des habitants et de leur confort.
Finalement l’utilisation accrue du bois dans la construction pourra
apporter une contribution importante et nécessaire pour répondre à la
transition écologique et plus particulièrement pour atteindre les objectifs du
plan climat cantonal.