Anne Bonvin Bonfanti

Motion déposée par Anne Bonvin-Bonfanti en octobre 2022

Texte complet: M 2874

Exposé des motifs:

L’été 2022 n’a fait que confirmer les conséquences que le changement
climatique fait peser sur les systèmes naturels et humains. Les épisodes de
canicule et la sécheresse ont mis à rude épreuve les récoltes, la faune et la
flore. Il est urgent de repenser notre système alimentaire pour, d’une part, le
rendre plus résilient, mais également le rendre radicalement moins nuisible.

Les aliments ont des empreintes environnementales, et notamment
carbone, très variables. Généralement, la production d’aliments d’origine
animale est beaucoup plus intensive en ressources utilisées et plus émettrice
en gaz à effet de serre que les produits d’origine végétale.

D’un côté, le déficit en nourriture touche environ 820 millions de
personnes à travers le monde et deux milliards d’individus souffrent de
déficits en micronutriments. De l’autre, plus de deux milliards de personnes à
travers le monde souffrent de surpoids et d’obésité liés à des régimes qui
deviennent trop riches en calories, plus riches en sucres raffinés, en viande et
en graisses d’origine animale ou hydrogénées.

Ceci s’accompagne d’un accroissement de la prévalence des maladies
chroniques. On estime par exemple que le diabète a doublé en 30 ans et
affecte plus de 10% de la population occidentale, l’hypertension touche
environ un tiers de la population et l’hypercholestérolémie un quart. Des
changements diététiques des régimes alimentaires actuels vers des régimes
sains auront des effets bénéfiques majeurs sur la santé.

Comme stipulé dans le plan climat cantonal 2e génération, les choix des
régimes alimentaires ont un impact significatif sur les émissions de gaz à
effet de serre. « L’alimentation représente 28% de l’impact environnemental
généré par la consommation des habitant-e-s de Suisse. L’impact d’un plat
végétarien est trois fois plus petit qu’un plat à base de viande. On sait aussi
que la consommation de fruits et de légumes protège de nombreuses maladies
non transmissibles telles que cancers ou maladies cardiovasculaires. Une
augmentation de la consommation de légumineuses, de noix et de graines
permettrait de réduire certaines carences d’une grande part de la
population. » De plus, une grande partie de ces produits de garde (lentilles,
pois chiches, noix, noisettes, graines de lin, de courge, de tournesol, etc.) sont déjà largement produits à Genève ou à proximité. Une alimentation bas
carbone, saine et équilibrée vise notamment à :

  • diminuer la consommation de produits carnés en veillant au respect de
    l’équilibre alimentaire ;
  • réduire le gaspillage alimentaire ;
  • privilégier les produits locaux et de saison ;
  • éviter les transports en avion des denrées alimentaires ;
  • maîtriser la consommation de denrées d’agrément (café, chocolat,
    alcool) ;
  • privilégier l’eau du robinet.

Dans les pays à revenus élevés comme la Suisse, le suivi des
recommandations nationales de nutrition, et notamment la réduction de la
consommation de viande rouge, de nourriture ultra-transformée et de l’apport
calorique, devrait être aligné avec les objectifs environnementaux.

De nombreuses études confirment que les produits biologiques
contiennent moins de résidus de pesticides et de nitrates, ou de bactéries
résistantes aux antibiotiques. Même si les implications cliniques restent
encore peu comprises et que nous manquons encore de recul, l’impact positif
de l’absence de produits synthétiques pour notre corps et son environnement
n’est plus à prouver. L’agriculture biologique et l’agroécologie pourraient, en
outre, nourrir la population mondiale sans accentuer la déforestation si elles
sont combinées à une réduction du gaspillage alimentaire et une diminution
de la consommation de viande.

Adapter l’offre alimentaire dans les établissements de droit public, ainsi
qu’au sein des services de l’Etat et lors des événements qu’ils organisent,
répond à deux enjeux majeurs :

  • agir immédiatement sur la santé des citoyen-ne-s genevois-es ;
  • lutter contre le réchauffement climatique et contribuer aux objectifs
    climatiques que le canton s’est fixés.