Pierre Eckert

Question urgente écrite déposée par Pierre Eckert en juin 2022

Texte complet et réponse du Conseil d’Etat: QUE 1758 A

Exposé de la question:

Pendant la durée du sommet à l’OMC, soit du 9 juin au 19 juin, les
cyclistes se déplaçant sur la route de Lausanne se sont vus obligés d’effectuer
un vaste détour pour éviter la zone du bâtiment de l’OMC. Le parcours obligé
passait par l’avenue de France, la place des Nations, l’avenue de la Paix, la
route de Pregny et enfin le chemin de l’Impératrice. Et le parcours inverse
dans l’autre sens, bien entendu. Cela ajoute deux bons kilomètres au parcours
sans compter près de 100 mètres de dénivelé. Pendant ce temps-là, la
circulation automobile a pu tranquillement se poursuivre sur deux voies de
circulation dans chaque sens et à plat !

Les cyclistes qui avaient tout de même souhaité prendre le risque de se
mélanger à la circulation automobile se sont vus refoulés sans ménagement
par la police et les militaires de faction.

Quel mépris pour les populations cyclistes des communes de Versoix,
Genthod, Bellevue et Pregny-Chambésy qui se rendent quotidiennement en
ville pour leur travail ou d’autres activités ! En pleine canicule, rajouter près
de 100 mètres de montée est simplement insensé. En venant depuis Bellevue,
le parcours obligé passait par le chemin de l’Impératrice, qui est certes
bucolique, mais que même l’auteur de ces lignes, cycliste entraîné, ne monte
habituellement pas d’une traite tant la pente est raide.

Plus amusant, les autorités nous vantaient quelques jours auparavant une
jolie petite nouvelle plage au bas du Jardin botanique : « La petite plage de
galets dans le prolongement du Jardin botanique pourra servir de lieu de
baignade, et s’inscrit dans une volonté plus large d’améliorer l’accès à
l’eau ». Essayer de s’y rendre pour se rafraîchir se concluait une fois de plus
par un refoulement sans ménagement vers des endroits arides et torrides.

Tout cela me conduit à poser les questions suivantes au Conseil d’Etat,
que je remercie d’avance de ses réponses :

  • Quelles sont les raisons qui ont conduit les autorités à obliger les
    cyclistes, pendulaires et autres, à effectuer un énorme détour avec
    dénivelé alors que le trafic automobile était maintenu sur deux pistes
    dans chaque sens ?
  • Même si la capacité de la route de Lausanne a dû être réduite du fait du
    sommet de l’OMC, pourquoi n’était-il pas possible de fermer une voie
    de circulation pour organiser tout de même le passage des cycles ?
  • Les cyclistes sont-ils considérés comme un danger potentiel pour le
    sommet de l’OMC ? Si c’est le cas, pourquoi les voitures pesant
    chacune au moins une tonne seraient-elles moins dangereuses ?
  • Le sommet de l’OMC était prévu de longue date. N’était-il pas possible
    de fixer l’inauguration de la plage du Jardin botanique à une date
    ultérieure pour éviter de mettre l’eau à la bouche (pour ainsi dire) de la
    population pour un lieu dont on savait qu’il deviendrait inaccessible
    tout de suite après ?

Réponse du Conseil d’Etat

Les réponses du Conseil d’Etat aux différentes interrogations que contient
la présente question écrite urgente sont les suivantes :

  • Quelles sont les raisons qui ont conduit les autorités à obliger les
    cyclistes, pendulaires et autres, à effectuer un énorme détour avec
    dénivelé alors que le trafic automobile était maintenu sur deux pistes
    dans chaque sens ?

Des raisons sécuritaires et de fluidité du trafic ont conduit le Conseil d’Etat,
respectivement la police, à prendre des mesures d’interdiction de circuler à
l’intérieur du périmètre délimité dans le cadre de la 12e Conférence
ministérielle de l’OMC, notamment au détriment des cyclistes. Cependant, afin
d’accompagner au mieux les usagers concernés par ces restrictions, des
panneaux de déviation ont été placés en amont du dispositif fermé. Pour
reprendre l’exemple des cyclistes en provenance de Versoix, une double
signalétique était placée successivement à la hauteur des chemins de
Chambésy et des Cornillons, de manière à éviter de piéger ces usagers et de les
contraindre à emprunter le chemin de l’Impératrice, représentant une déclivité
importante.

  • Même si la capacité de la route de Lausanne a dû être réduite du fait du
    sommet de l’OMC, pourquoi n’était-il pas possible de fermer une voie de
    circulation pour organiser tout de même le passage des cycles ?

Après avoir condamné les pistes cyclables des deux côtés de la chaussée en
raison des infrastructures installées, les gabarits existants ne suffisaient plus à
créer des aménagements cyclables sécurisés dans les deux sens, tout en
maintenant les capacités d’absorption du trafic individuel motorisé entrant dans
le centre-ville, respectivement d’évacuation des flux sortants.

  • Les cyclistes sont-ils considérés comme un danger potentiel pour le
    sommet de l’OMC ? Si c’est le cas, pourquoi les voitures pesant chacune
    au moins une tonne seraient-elles moins dangereuses ?

Les cyclistes ne représentaient pas un danger en tant que tel pour la
manifestation. Par contre, des mesures contraignantes ont été prises afin de
garantir leur propre sécurité.

  • Le sommet de l’OMC était prévu de longue date. N’était-il pas possible
    de fixer l’inauguration de la plage du Jardin botanique à une date
    ultérieure pour éviter de mettre l’eau à la bouche (pour ainsi dire) de la
    population pour un lieu dont on savait qu’il deviendrait inaccessible tout
    de suite après ?

L’inauguration de la plage du Jardin botanique a eu lieu le 30 mai 2022,
permettant à la population de profiter de cette nouvelle infrastructure dès le
début du mois de juin. Il n’y a pas eu de remise en question de la date
d’inauguration de l’ouverture de ce nouvel accès au lac sur la rive droite du fait
du décalage de la 12e Conférence ministérielle de l’OMC, initialement prévue
du 30 novembre au 3 décembre 2021.

En conclusion, notre Conseil entend renforcer la prise en compte de la
mobilité multimodale dans le cadre des mesures de sécurité liées aux
événements à fort impact sur la mobilité. Ce renforcement sera effectué via
une coopération rapprochée entre la police et l’office cantonal des transports
(OCT), via la centrale de régulation du trafic (CRT).