Par Delphine Klopfenstein Broggini, présidente des Vert-e-s genevois-es.  

Chères Vertes, chers Verts,

Dimanche dernier, les Vert-e-s ont fait un magnifique score aux Grisons. La VERDA, la partida ecologica grischun, entre pour la première fois au Grand Conseil. Et la candidate Anita Mazzetta, romanchophone, originaire de Trun, petit village de Surselva, obtient même le meilleur résultat de Coire. Très bon score aussi des Vert-e-s à Glaris. Et ces succès viennent confirmer ceux du canton de Vaud quelques semaines plus tôt ou de Fribourg.

Aux antipodes de l’UDC, les Vertes et les Verts font le trait d’union entre les villes, les campagnes et les montagnes et Genève ville canton par excellence a un rôle à jouer pour la Suisse.

Nous l’avions nommée vague verte. Mais davantage qu’une vague, qui se jette sur la plage et repart, c’est une réalité pérenne, qui marque la Suisse mais aussi l’Europe depuis quelques années. Avec plus de 25% de vote vert lors des dernières élections fédérales, nous sommes le premier parti cantonal et Genève le premier canton vert de Suisse. C’est une force indéniable et un énorme potentiel. C’est aussi le fruit d’un grand travail collectif. Mais c’est un défi de grande taille, celui à la fois de maintenir les acquis, de les faire progresser et d’en faire un outil efficace pour la transition de la société.

Simone de Beauvoir le disait de l’égalité « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant ».

C’est aussi la réalité du nucléaire que nous croyions définitivement enterré, ce combat qui a forgé les Vert-e-s, voilà qu’il resurgit de manière désordonnée dans un vent de panique. Il ne faut dès lors ne jamais rien lâcher. Et au lieu de surfer sur la vague, nous devons poursuivre notre travail de fond, quotidien et nécessaire pour qu’il n’y ait aucun retour possible sur ces valeurs qui nous sont chères.

C’est mon objectif devant vous cet après-midi et cet engagement n’a de sens que s’il est collectif, avec vous, dans la perspective de renforcer la députation verte et de maintenir notre majorité au Conseil d’Etat.

Si nos succès électoraux sont au rendez-vous partout en Suisse, le contexte général reste très dur. La crise humanitaire, provoquée par les guerres nous rappelle une fois de plus l’importance de protéger les plus démuni-e-s, à travers l’Europe mais aussi aux portes du continent et bien sûr à Genève. Nous ne pouvons plus nous contenter que notre Canton, un des lieux les plus riches de la planète, abritent à la fois des montagnes de richesses insolentes et des noyaux de pauvretés insupportables. En parallèle à nos combats environnementaux, nous devons continuer à protéger les plus vulnérables des attaques incessantes de la droite, à préserver la capacité de l’État en donnant des budgets adaptés pour des services publics de qualité et accessibles.

Nous, les Vertes et les Verts nous continuerons de nous battre pour plus de solidarité, d’entraide, d’égalité.

L’urgence est sociale et climatique. Les derniers rapports du GIEC sont alarmants. A côté du changement climatique, le déclin de la biodiversité est une menace de plus en plus concrète pour l’humanité. Les crises du climat et de la biodiversité sont liées, se renforcent mutuellement et doivent donc s’appréhender ensemble. De même que toutes les formes de discriminations doivent se percevoir ensemble car souvent, au lieu de simplement s’additionner, elles se renforcent les unes les autres, en particulier pour les personnes en situation de précarité. Genève a les moyens d’agir sur le plan local. Et même si la logique de croissance économique, qui a longtemps prévalu, a mis une certaine pression sur le territoire, je reste persuadée que nous arriverons à préserver la biodiversité et la qualité de vie, raison pour laquelle j’ai organisé ces journées de réflexion sur l’avenir de notre territoire qui permettent de trouver des solutions partagées et portées par nos élu-e-s au Conseil d’État et au Grand Conseil

C’est avec cette logique transversale et inclusive que je souhaite poursuivre mon travail à la tête des Vertes et des Verts et poser la suite des jalons d’une politique climatique et sociale. Durant ces presque deux ans à la présidence, nous avons travaillé dur – un grand merci à tout le comité ! – et malgré la pandémie, nous avons mené une campagne à succès au Conseil d’Etat, avec l’élection de Fabienne, organisé des Assises sur l’avenir du territoire, osé adapter des statuts plus inclu­sifs et pour une meilleure gouvernance, rédigé une résolution sur l’économie verte que nous avons voté ce matin, préparé le terrain de la campagne qui nous attend et le lancement d’une initiative verte prévu à la fin de l’été.

Une année électorale démarre aujourd’hui. Les enjeux sont importants et nos objectifs doivent être clairs : renforcer la députation verte pour atteindre avec nos partenaires la majorité au Grand Conseil et maintenir notre force majoritaire au Conseil d’Etat. Dans les veines de la campagne qui nous attend, je veux faire de l’écologie un principe d’action directe. C’est-à-dire libérer nos villes et nos communes du trafic automobile continu, redistribuer la voirie en faveur absolue des piétonnes, des piétons, des cyclistes, développer encore notre réseau de tram et de bus et amorcer déjà les prochaines générations du Léman express pour desservir jusque dans le pays de Gex ou à Saint-Julien.

C’est aborder le territoire sous le prisme de la nature, des quartiers durables, de la qualité de vie, de l’économie dans sa version circulaire et durable mais aussi les économies d’énergie et la sobriété, loin d’un aéroport surdimensionné et bruyant. Notre société doit placer en son cœur les droits fondamentaux, de l’égalité, aux droits LGBTIQ en passant par l’asile et la protection des plus vulnérables.

A Genève, de grands chantiers nous attendent. Nos villes ne sont toujours pas décarbonées. On doit inverser la tendance. L’agriculture biologique représente 10% de notre agriculture, elle progresse, mais lentement. On doit renforcer cette tendance. Le développement des métiers du climat transformera notre société. On doit inverser la tendance. Le respect des droits fondamentaux doit devenir un indicateur de richesse. On doit inverser la tendance.

Avec Fabienne et Antonio au Conseil d’Etat, accompagné-e-s de Thierry Apothéloz et Carole-Anne Kast, une députation verte renforcée, un parti en forme et soudé, nous pouvons inverser la tendance.

Avec vous, si vous m’accordez une nouvelle fois votre confiance, je m’engage, en tant que présidente à soutenir la transformation nécessaire de notre canton, en un canton plus vert, plus égalitaire et qui réponde avec ambition à l’urgence climatique. Genève en a les moyens. Les Vert-e-s en ont la volonté. Merci de votre attention.