Par Lisa Mazzone, conseillère aux Etats

Cloisonnement et refoulement, protection des frontières plutôt que des migrantes et migrants, c’est la réalité des frontières extérieures de l’Europes. Dans les faits, il n’est plus possible d’atteindre un pays européen pour déposer une demande sans y risquer sa vie. Bras armé de cette politique, l’agence de gardes-frontières Frontex est sous le feu des critiques européennes. Son implication dans des pushbacks, soit des refoulements illégaux, parfois violents, a été révélée. En Méditerranée centrale, ses drones repèrent les bateaux en détresse pour les signaler aux gardes-côtes lybiens, qui ramènent les migrantes et migrants dans des geôles où torture et sévices sexuels les attendent.

Le problème est que Frontex échappe à tout contrôle parlementaire européen, qui n’a eu d’autre solution que de bloquer une partie de son budget pour signifier son désaccord. Pourtant, on prévoit d’augmenter massivement le budget de l’agence et de créer un corps permanent et armé de milliers de gardes-frontières. La Suisse a la chance, dans ce contexte, de pouvoir dire stop et de renforcer ainsi la position du parlement européen.

Nous ne sortons pas de Schengen, mais exigeons du Conseil fédéral qu’il revoie sa copie en établissant des voies de fuite légales : demandes d’asile aux ambassades ou accueil d’importants contingents de réfugié-e-s dans les pays voisins des conflits. La Suisse doit aussi mettre à disposition des observatrices et observateurs des droits humains indépendants et exclure de détacher du personnel armé. Avec les Vert-e-s européen-ne-s, appelons à une autre politique migratoire, décloisonnons l’Europe et portons haut les valeurs humanitaires dont nous sommes dépositaires en glissant un NON le 15 mai prochain.