Valentin Dujoux

Conseiller municipal

Uzma Khamis Vannini

Conseillère municipale

Repenser l’espace public et soutenir la population ukrainienne

Lors de la plénière du Conseil municipal des 8 et 9 mars, des décisions ambitieuses ont été prises. En effet, trois éléments principaux ressortent de ces deux soirées de séance: la validation du règlement d’application pour l’initiative municipale « Zéro pub », le soutien à plusieurs textes en faveur des droits des femmes et des actions qui y sont liées, et enfin le vote unanime d’une proposition verte pour soutenir la population ukrainienne.

En dehors de ces trois éléments centraux qui seront détaillés ci-dessous, le groupe vert s’est également inquiété de plusieurs éléments lors des questions orales. Nous avons ainsi pu interroger le Conseil administratif sur le maintien ou non de la publicité dans les vitrines des commerçant-es dans le cadre de « Zéro pub » (Matthias Erhardt), sur le rapport du GIEC en lien avec la Stratégie climatique municipale (Denis Ruysschaert) ou sur les abris de la Protection civile (Louise Trottet). Les questions orales ont également été l’opportunité de demander un retour sur plusieurs aspects concernant notre espace public et ses aménagements, avec la prise de position de l’Exécutif municipal sur l’initiative cantonale « Climat urbain », rejetée par le gouvernement (Omar Azzabi), la propreté des rues dans le bas de la rue de la Servette (Ana Barciela) et des contrôles et aménagements attendus à Saint-Gervais pour limiter le traffic de transit (Valentin Dujoux).

Zéro pub: règlement accepté et référendum annoncé

Après ce moment riche en échanges, nous avons pu entamer l’acte 56, scène 143 de l’étude de l’initiative municipale « Zéro pub » et de son règlement d’application, présenté par le Conseil administratif en début d’année. Un troisième débat ayant été demandé par la droite, nous avons alors pu rappeler notre attachement à ce texte et à ses visées. Le 3ème débat ayant pour but de clarifier ou d’ajouter certains éléments – ce que la droite avait semble-t-il oublié – nous avons pu ajouter deux éléments complémentaires. D’abord, suite à une réponse à une question orale, les commerces pourront continuer à faire de la publicité pour leur propre compte, à savoir par exemple sur leurs vitrines. Ce doute ayant été ôté, nous avons également pu indiquer que Genève n’avance pas seule dans cette réflexion autour de la place de la publicité commerciale dans son espace public puisque début mars, le conseil communal d’Yverdon-les-bains a accepté un texte allant dans la même direction. La droite a malgré tout déposé 6 amendements que nous avions déjà pu traiter, ou qui n’apportaient aucune clarification au texte du règlement d’application. C’est en faisant preuve de bon-sens que nous avons ainsi évité d’alourdir ce texte et refusé ces propositions qui ressemblaient davantage à des gesticulations ou à des erreurs de lecture et d’interprétation. Quoi qu’il en soit, après plusieurs heures d’étude en commission et en plénière, ce sujet est maintenant clos puisque le Conseil municipal a voté à 36 OUI (contre 31 NON) le règlement d’application de cette initiative déposée … en 2017. Ce chapitre n’est toutefois pas terminé, la droite et les milieux économiques et publicitaires ayant lancé un référendum municipal. Affaire à suivre donc …

L’égalité n’est pas un problème à régler, mais une justice à vivre

Lors des urgences, c’est un Conseil municipal (enfin, soyons honnête, il y avait des exceptions tenaces sur le blanc de la droite) paré de violet qui a rappelé son soutien envers les femmes et son attachement à leurs droits. Nous avons ainsi voté le renvoi au Conseil administratif de la motion M-1601 « Pour un soutien à un centre féministe en Ville de Genève » et de la motion M-1445 « Pour une égalité de fait en Ville de Genève ». Avec ce second texte, il est demandé qu’un rapport soit présenté dans trois ans afin d’assurer l’application de tous les critères et à tous les niveaux, tout en encourageant ce qui est déjà entrepris. L’occasion de rappeler que cet engagement ne se limite pas à un jour dans l’année, c’est noté?

A l’occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, le Conseil municipal n’a donc pas manqué de rappeler la condition des femmes dans le monde, en Suisse, dans le canton et en Ville de Genève. Pour ce faire, le Conseil municipal s’est engagé pour le respect des quatre conventions portant son nom (1).

La solidarité n’est pas un crime

Les évènements graves qui se déroulent en Ukraine, ont rappelé brutalement que dans tous les conflits le corps de femmes ont fait l’objet de terrain de guerre. Elles sont exposées aux viols lors des migrations ou sur place, elles accouchent dans les sous-sols, sans accès aux besoins d’hygiènes minimum, les femmes ne sont pas vulnérables, mais bien vulnérabilisées, au quotidien, partout et en tout temps mais plus encore en temps de conflit. En sus de cette situation catastrophique, des drames parallèles se déroulent en Ukraine:

  • Le racisme, les personnes noires, indiennes, magrébines sont discriminées sur place et par les pays limitrophes, la russophobie se développe aussi envers les personnes d’origine russes qui sont insultées, menacées, ciblées ; ces comportements mettent en lumière les adeptes des amalgames faciles qui divisent notre cité internationale, créent des tensions au sein des populations et il convient de combattre les effets du racisme sous toutes ses formes et aussi sur place ;
  • Le non-respect de la convention de Genève sur les prisonniers de guerre qui sont exposés à visage découvert (2) ;
  • La catastrophe humanitaire pour les personnes âgées, les malades chroniques ou handicapées qui manquent de soins, d’hôpitaux, de maternités et de pharmacies, qui n’ont ni la force de migrer, ni de trouver de l’aide ;
  • Les crimes de guerre contre l’environnement ; habitats des animaux et flores détruits, consommation d’espèces protégées, animaux domestiques abandonnés, déplacements empêchés, pollution des eaux et du sol. L’Ukraine n’échappe pas aux dommages infligés aux zones protégés comme partout dans le monde en cas les conflits armés, ces-derniers ayant un effet dévastateur sur la biodiversité ;
  • Le risque nucléaire et celui de contamination de la population par des pathogènes dangereux.

Pour tous ces motifs, les Vert.e.s ont déposé un projet de délibération « Pour une aide concrète à toute la population de l’Ukraine », cosigné par l’alternative et voté par le Conseil municipal à l’unanimité. Ce texte est destiné à l’aide sur place, en Ukraine, et débloque à cette fin un demi-million de francs suisses par un versement à la Chaine du bonheur.

Cette plénière était donc intense en travail et forte émotionnellement et rappel un but clair: notre engagement au service des idées vertes et de la population, en Ville de Genève et lorsque cela le nécessite, envers les populations les plus fragiles, ailleurs.

Plus que jamais consciente de ses engagements niveau du droit international sur la question des droits humains, la Ville de Genève par la voix de son délibératif a adopté une motion des Vert.e.s soutenue par l’alternative concernant la mise en place d’un projet pilote de dispositif municipal des droits humains à Genève. L’idée étant de mettre en place des mécanismes afin de superviser la situation des droits humains au niveau municipal en Ville de Genève  

(1) Les conventions de Genève, ce sont quatre traités. La première porte sur l’amélioration du sort des blessés et des malades dans les forces armées en campagne, la deuxième y ajoute les naufragés, la troisième est relative au traitement des prisonniers de guerre et la quatrième à la protection des personnes civiles en temps de guerre.

(2) Il s’agit de l’article 13 de la convention III, en vertu de laquelle « Les prisonniers de guerre doivent être protégés en tout temps, notamment contre tout acte de violence ou d’intimidation contre les insultes et la curiosité publique. Les mesures de représailles à leur égard sont interdites »