Persévérer dans la voie bilatérale exige davantage que de vagues déclarations : tant que le Conseil fédéral n’annoncera pas clairement qu’il empoignera également des sujets délicats comme la libre circulation des personnes, cette stratégie est probablement d’avance vouée à l’échec.
Nicolas Walder, conseiller national GE, membre CPE

La rupture unilatérale des négociations en vue d’un accord-cadre institutionnel s’est avéré une erreur stratégique lourde de conséquences, ceci d’autant plus que visiblement le Conseil fédéral n’a pas pu se mettre d’accord sur un plan B durant presque une année. Il a fallu attendre que les VERT-E-S et Opération Libero annoncent une initiative sur l’Europe pour qu’une nouvelle dynamique se dessine, au sein du Conseil fédéral et des autres partis. On ne peut que s’en féliciter, car clarifier les questions institutionnelles est la clé pour développer les relations Suisse-UE, ou au moins pour persévérer dans la voie bilatérale.

Étant donné nos rapports étroits tant sociaux qu’économiques, les défis climatiques ainsi que les attaques actuelles contre la démocratie, le droit international et la paix en Europe, il est clair que nous devons stabiliser, puis approfondir nos relations avec notre partenaire la plus importante. La Suisse fait partie de l’Europe, géographiquement, historiquement, économiquement et culturellement. Se tenir à l’écart soi-disant pour des questions de souveraineté n’est plus une option tant pour les bilatérales que vis-à-vis des sanctions contre la Russie.

Or, le temps presse et la crédibilité du Conseil fédéral est gravement entamée. Il doit d’abord prouver qu’il veut réellement consolider les relations avec l’Union européenne. Sa décision d’aujourd’hui n’est pas suffisante, car elle laisse beaucoup de questions ouvertes. Nous avons maintenant besoin d’un calendrier concret de négociations, de pérenniser la contribution suisse à la cohésion européenne, en tant qu’acte de solidarité, et que le Conseil fédéral déclare de manière crédible qu’il veut clarifier les questions institutionnelles ainsi que les sujets prétendument délicats, tels que la libre circulation des personnes. Faute quoi, on peut déjà prévoir aujourd’hui que la proposition du Conseil fédéral n’aura probablement aucun succès auprès de l’Union européenne et ce faisant que le Conseil fédéral joue la montre au détriment de la Suisse. C’est pourquoi les VERT-E-S conjointement à Opération Libero et d’autres partenaires vont continuer à préparer leur initiative sur l’Europe.