Pierre Eckert

Contrairement au printemps dernier, le parlement et ses commissions ont continué à fonctionner malgré la seconde vague du Covid. Les trois jours (ndlr 25-26-27 novembre) qui se terminent ont donc concerné les urgences Covid, qui sont autant économiques que sociales, voire institutionnelles. La deuxième partie de cette session se tiendra la semaine prochaine (ndlr 3-4 décembre) et concernera spécifiquement le budget 2021. 

Aide économique

Nous avons d’abord passé en revue le aides au cas de rigueur proposées par le Conseil et d’État et qui sont cofinancées par la Confédération. Il s’agit de secteur ayant perdu de façon durable plus de 40% de leur chiffre d’affaire. Il faut reconnaître que ce soutien a comme objectif d’éviter des faillites d’entreprises et ainsi de préserver les emplois lors d’une future reprise. Nous avons toutefois défendu le fait que cette reprise ne devait pas reproduire les modèles antérieurs et devaient permettre une réorientation des entreprises et des emplois.

Ici une partie de notre intervention :
« Nous nous posons aussi la question de la durabilité et de la transition. Force est de constater que la plupart des secteurs visés par ces projets de loi seront appelés à se redimensionner ou de réorienter leurs activités ces prochaines années. J’ai été frappé d’entendre des affirmations du style : dès que nous aurons un vaccin à disposition, tout va repartir comme avant ! Cette perspective n’est ni réaliste, ni même souhaitable. Comme on le sait, les prévisions laissent entendre des effets économiques sur plusieurs années, notamment dans le domaine du voyage et des congrès. Même avec un vaccin, les déplacements au-delà des frontières seront compliqués. De plus, d’autres habitudes ont maintenant été prises en matière de vidéoconférence. Même des congrès d’une certaine envergure se tiennent actuellement en ligne si bien que le pli est pris. Du point de vue des Vert.e.s, une reprise totale de cette vie frénétique n’est même pas souhaitable, puisque passablement des secteurs que nous examinons ce soir sont basés (ou plutôt étaient basés) sur des vols en avion de longue distance, ce qui n’est plus acceptable du point de vue de la protection du climat. »

Avec quelques réserves, nous avons ainsi soutenu les secteurs de l’événementiel, des forains, des agences de voyage et du transport professionnel de personnel. Nous avons été plus critiques avec le soutien à l’hôtellerie et aux boutiques de l’aéroport.

Nous avons également voté des crédits à fond perdu pour des secteurs qui ont été obligés de fermer par des aides, notamment sur les loyers. Cela concerne par exemple les restaurants, les établissements nocturnes, le commerce non-alimentaire.

Volet social

Sur les bancs de gauche, nous avons fortement insisté sur le fait qu’il convenait non seulement de soutenir les entreprises, mais aussi l’ensemble des employé.e.s. Sans compter tout celles et ceux qui ont d’ores et déjà perdu leur emploi.

Nous avons donc salué le projet de loi du Conseil d’État permettant de lutter contre le sans-abrisme en période hivernale. L’intervention des Vert.e.s à ce propos :
« En proposant de loger 155 personnes actuellement sans abri dans des chambres d’hôtel durant cinq mois, ce projet de loi permet de trouver une solution pour l’hiver 2020-2021 pour les personnes sans-abri dans un contexte économique très défavorable. Il est également important d’accompagner ces personnes confrontées à une grande précarité et vulnérabilité. À ce titre, les Vert.e.s expriment leur satisfaction sur le fait que le projet prévoit un accompagnement socio-éducatif quotidien, financé par une fondation privée, pour assurer un indispensable suivi individuel et ainsi garantir que l’accueil hôtelier se passe au mieux. »

Nous avons également voté un crédit unique pour l’aide à l’alimentation. Ci-dessous, un extrait de notre intervention :
« Il ne faut pas oublier que la précarité dans laquelle se trouve une partie de la population genevoise n’est pas nouvelle. Elle était simplement plus ou moins cachée avant la crise COVID. Cette crise a entraîné un élan de solidarité bienvenu, mais qui ne doit en aucun cas absoudre les collectivités publiques de leur devoir de venir en aide aux plus précarisés de notre société, également hors des périodes de crise. »

Vous pouvez retrouver l’entièreté de ces deux interventions ici .

La gauche a également déposé un nouveau projet de loi sur un soutien aux personnes en situation de travail précaire. Celui de la première vague a été attaqué par l’UDC et le MCG par un référendum de la honte. Voici l’intervention des Vert.e.s sur ce nouveau projet :
« OUI ! Nous faisons confiance en nos autorités fédérales et cantonales qui scandent : PERSONNE NE SERA LAISSÉ AU BORD DU CHEMIN !
Comment voter des projets de loi pour sauver des entreprises, sans voter ce projet de loi ?
Ici, il ne s’agit pas de faire pitié, d’avoir pitié ou de demander l’aumône. Il s’agit simplement d’être juste, équitable et solidaire. Il s’agit d’une réalité existante, il y a un grand nombre de travailleuses et de travailleurs qui échappent aux aides en ont besoin. Les dispositifs déjà déployés présentent des lacunes.
Ils et elles vivent de petits jobs, de missions temporaires, ou encore sont au bénéfice de CDD. Ils et elles travaillent dans la restauration, la culture, les loisirs, le sport, la coiffure ou encore le bâtiment. Malgré une grande perte de leurs revenus, suite aux mesures COVID, ils et elles ne peuvent bénéficier D’aucun plan de sauvetage, d’aucun plan de relance !
Un système qui incapable d’aider la population active, rémunérée, quelle qu’elle soit montre ses limites. Alors, avant que toutes ces personnes ne se précarisent encore davantage, avant qu’elles ne sombrent dans la spirale du surendettement, avant que la société genevoise ouvre un jour les yeux sur la réalité de la détresse que vivent ces personnes, osons ! Soyons dignes et aidons autant les personnes précaires que les secteurs économiques en situation de détresse ! »

Malgré de nombreux plaidoyers insistants, la droite a renvoyé le texte en commission des affaires sociales, mais nous espérons toutefois un traitement rapide et de pouvoir le voter la semaine prochaine dans la foulée du budget.

Divers

A l’occasion d’une courte sessions d’extraits (sujets peu controversés), deux sujets sur lesquels les Vert.e.s sont fortement impliqués ont été soutenus.
Sur la stratégie biodiversité, le groupe des Vert.e.s est notamment intervenu :
« Après la crise sanitaire et la crise économique, nous nous rappellerons que nous vivons aussi une crise climatique et un déclin général de la biodiversité. Et la biodiversité c’est la base de la vie qui nous fournit les services écosystémiques dont nous bénéficions et qui sont vitaux pour toute la société et pas seulement dans l’espace rural mais aussi en milieu urbain.
La vision de la stratégie, c’est aussi de nous montrer que la biodiversité c’est un bien commun qui exige l’engagement de tous les acteurs sur le territoire. Ainsi nous devons prendre conscience que nous ne ferons pas l’économie de la biodiversité !
Citons Delannoy dans un petit livre intitulé L’économie expliquée aux humains :
« Préserver la biodiversité, c’est d’abord, au-delà d’une légitime préoccupation pour un présent plus vivable et plus solidaire, ouvrir le champ des futurs possibles, de futurs souhaitables que vous aimeriez léguer à vos descendants. La biodiversité, c’est nous, ensemble. Et c’est cela qu’il faut chérir et préserver. »
Soutenons donc la stratégie et le plan d’action biodiversité proposés par le Conseil d’État et donnons-nous les moyens de le réaliser. »

Interdiction du packing, l’intervention des Vert.e.s :
« La pratique du « packing » consiste en une pratique controversée consistant à emballer le patient dans un drap humide et froid, voire parfois dans des draps qui ont été placés dans des glaçons.
Il s’agit de donner un signal clair et fort de la part de tous les partis représentés au sein de ce parlement pour interdire la pratique du packing sur le canton de Genève. Suite aux recommandations du manifeste des scientifiques, aux revendication de l’association Autisme Genève et autisme suisse romande qui considèrent cette pratique comme maltraitante et selon les observations finales de la convention relative aux droits de l’enfant, il est recommandé que Genève ne fasse plus usage de la pratique du packing sur des enfants et jeunes TSA ! »