Par Adrienne Sordet, députée

Récemment, le grand conseil a traité en commission un projet de loi concernant un crédit d’investissement de 11 700 000 CHF pour le projet de la patinoire du Trèfle Blanc. Si certain-e-s l’estiment nécessaire à la fois pour le club de hockey du Genève Servette, ainsi que pour l’augmentation de la surface de glace par habitant-e-s, le groupe des Vert-e-s a décidé de ne pas entrer en matière.

Il en va d’abord de la cohérence avec l’urgence climatique qui a été déclarée par le Conseil d’État en 2019 puisque ce projet, surdimensionné (8500 places spectateurices alors qu’il y en a 6500 actuellement), va générer de la pollution et des dépenses énergétiques que nous ne pouvons pas nous permettre. En effet, le projet tel qu’imaginé prévoit une surface de glace « artificielle » totale de 12’000 m², ce qui pourrait correspondre à l’équivalent de la consommation régulière en eau et en électricité de 12’000 ménages suisses[1].

Par ailleurs, le projet prévoit la création d’un parking de 1200 places et de surfaces d’activités qui s’étendront sur un total de 24 000 m2. Or, à l’instar du projet sur la parcelle de Pré-du-Stand refusé en votation en 2019, il s’agit, encore une fois, de créer des surfaces de bureaux et « d’activités », alors qu’il y aurait près de 300’000 m2 de bureaux inoccupés sur le canton. Une aberration supplémentaire, alors que cette surface pourrait être utilisée pour développer d’autres projets en lien avec le sport pour le plus grand nombre par exemple. De plus, les financements liés aux coûts de fonctionnement de cette infrastructure ne sont assumés par personne actuellement, ce qui reviendrait à faire payer la collectivité.

En somme, ce projet ressemble dangereusement à un Stade de Genève bis, alors que l’effort financier devrait être mis dans de réels projets dédiés à la transition écologique et sociale.

Pourtant, le projet pourrait être redimensionné et repensé pour satisfaire à la fois les critères sociaux et environnementaux. Des surfaces de glaces plus petites, mutualisées, et synthétiques, ainsi que le développement de projets en faveur pour le sport pour tout-e-s en lieu et place des surfaces d’activité pourrait être imaginé avec davantage de concertation.

En refusant ce projet de loi, il s’agit surtout de renvoyer la copie au Conseil d’État pour qu’il parvienne à une solution plus durable et inclusive. Le groupe des Vert-e-s ne s’oppose pas au sport, et, au contraire, souhaiterait que ce projet puisse avoir une dimension multi-usages, durable tout en appliquant une réelle concertation avec les acteurices du sport.

Nous avons affaire à un projet « d’avant » alors qu’il est plus que nécessaire de changer de paradigme pour répondre à l’appel de population et du monde scientifique vis-à-vis de l’urgence climatique.

Le rapport en détail : https://ge.ch/grandconseil/data/texte/PL13007A.pdf

[1] https://www.swissinfo.ch/fre/sci-tech/glice_la-glace-synth%C3%A9tique-suisse-qui-a-conquis-le-monde/46199018