Par Lisa Mazzone, conseillère aux États GE, texte paru dans le magazine Greenfo des Vert-e-s suisses de novembre 2021.

Les 15’000 manifestantes et manifestants qui ont dénoncé la réforme de l’AVS, le 18 septembre dernier, n’auront pas eu raison du projet du Parlement, financé exclusivement par les femmes, qui devront travailler plus longtemps sans véritable compensation.

Nous, les femmes, ne représentons pas seulement la moitié de la population. Nous ne sommes pas seulement une force de travail dont notre société ne peut se passer, par l’accomplissement de 70% du travail non rémunéré.

Nous sommes aussi une force politique que l’on ne peut ignorer. La mobilisation massive dans les rues de Berne l’a encore une fois démontré, après les 300 000 signatures récoltées en mars dernier. Il n’y a pas de réforme de l’AVS sans les femmes, voilà ce que répètent ces voix. Et ce qu’elles répèteront dans les urnes, contre un projet élaboré à leurs dépens.

Les inégalités demeurent

Arrivées à la retraite, les femmes paient aujourd’hui cash la somme des inégalités de toute leur vie. Inégalités salariales, qui leur soustraient encore chaque mois des centaines de francs. Inégalités liées à la sous-valorisation des métiers où elles sont surreprésentées. Inégalités dans la répartition des tâches, alors que 60% des femmes travaillent à temps partiel, contre 20% des hommes. Résultat : les rentes vieillesse des femmes sont moins élevées d’un tiers que celles des hommes.

Non à une diminution de nos rentes

Corriger ces inégalités, tant dans les parcours de vie que dans les retraites, c’est là la véritable urgence. Au lieu de cela, sans vergogne, la majorité bourgeoise adopte un projet sur le dos des femmes. Dans les faits, cela représente une diminution des rentes des femmes, puisque le parlement souhaite qu’elles travaillent jusqu’à 65 ans sans assurer de compensations crédibles et durables. Alors qu’un tiers d’entre elles n’a pour seul revenu que celui de l’AVS, ce qui ne permet assurément pas de vivre dignement.

Le mépris dont fait montre le parlement à l’égard de la moitié de la population est insolent. Les femmes ne paieront pas deux fois la facture : par les inégalités et par les retraites.