La campagne sur la Cité de la musique restera dans la mémoire des habitant-e-s de la Ville pendant bien longtemps. Alors que nous votions également sur des objets cruciaux, notamment pour l’avenir de notre planète au niveau fédéral, l’espace public était véritablement envahi par les affiches et tribunes appelant les votant-e-s à prendre position pour ou contre cette Cité de la musique. Cet objet qui touche aux valeurs profondes des citoyen-ne-s et qui pose la question plus large de notre impact sur la planète a suscité un engouement et des réactions sans précédent. Après avoir déclaré l’urgence climatique en février 2020, la Ville de Genève ne pouvait pas se permettre de se lancer dans un tel projet, qui rime inévitablement avec destruction de la biodiversité. Grâce au vote de la population, la forêt des Feuillantines, qui abrite une faune et une flore se faisant de plus en plus rare en ville, a été sauvée !

Le refus de ce projet est également l’occasion de s’interroger sur la cohérence de la politique culturelle à Genève. En effet, à l’heure actuelle, la Ville de Genève assume l’immense majorité des dépenses liées à la Culture et le canton pourrait prendre un rôle plus actif. De plus, alors que les subventions pour la musique sont actuellement allouées à plus de 90% pour la musique classique, les actrices et acteurs des musiques actuelles et de création peinent souvent à se faire une place dans le paysage genevois et à vivre de leur art. Le résultat obtenu aujourd’hui est synonyme d’une insatisfaction de la population avec la politique culturelle proposée par la Ville et le canton de Genève, et nous estimons qu’il est temps de la repenser fondamentalement. L’emplacement et le contenu de cette Cité de la musique ne reflètent aucunement l’avis des Genevois-es, mais sont le fruit d’un projet de promotion immobilière porté principalement par des acteurs privés. Dès lors, il convient également de reconsidérer leur place dans notre politique culturelle. Nous espérons que les autorités sauront interpréter ce résultat et accepteront de plancher sur une nouvelle direction pour la Culture à Genève.

Ce résultat n’aurait pas été possible sans l’engagement précieux des musicien-ne-s, membres d’associations d’habitant-e-s et de défense du patrimoine, ainsi que de tou-te-s les autres citoyen-ne-s qui ont milité pour sauver les Feuillantines et éviter un nouveau paquebot surdimensionné à Genève.