Sophie Desbiolles

Question urgente écrite déposée par Sophie Desbiolles en février 2021

Texte complet et réponse du Conseil d’Etat: QUE 1491 A

Exposé de la question:

Le spécisme est une discrimination à l’égard des animaux n’appartenant
pas à notre espèce, considérés comme êtres inférieurs pouvant être exploités,
commercialisés et tués pour notre consommation et nos intérêts. Cette vision
a favorisé le développement d’une société anthropocentrée, où des milliards
d’animaux sont maltraités et massacrés chaque année dans le monde.
Dénoncée depuis l’Antiquité, la discrimination envers les autres animaux est
devenue un enjeu sociétal majeur. Elle a récemment donné naissance à un
puissant mouvement contestataire international et à plusieurs partis
politiques. Le spécisme génère en effet toujours des problèmes graves
d’ordre éthique, social, sanitaire, écologique, économique et financier. Il
banalise et légitime la violence quotidienne envers des individus dont la
sentience, les intérêts et les besoins fondamentaux, ainsi que les capacités
sociales et cognitives, scientifiquement reconnus, sont totalement négligés
et/ou niés. Le canton de Genève abat ainsi chaque année des centaines de
milliers d’animaux terrestres voués à la consommation, sans compter la chair
animale importée. La maltraitance animale n’est jamais une priorité. A
l’instar du COVID-19, les dernières grandes zoonoses mortelles ont toutes
émergé dans un contexte d’exploitation et de maltraitance animales, surtout à
des fins alimentaires. Le phénomène s’accélère et menace la santé publique et
l’économie. Or, manger des produits d’origine animale n’est pas nécessaire et
leur (sur)consommation cause d’importantes maladies. Leur production
génère, quant à elle, de grandes quantités de gaz à effet de serre, a une
empreinte hydrique élevée et pollue considérablement notre environnement.
Tous ces problèmes engendrent des coûts faramineux supportés par l’Etat et
les citoyens.

Fin 2018, le gouvernement genevois a reçu la Coalition animaliste (COA)
qui l’a ensuite interpellé à plusieurs reprises sur ce qui précède.

  1. Quelle est aujourd’hui la position du Conseil d’Etat face au défi qu’est
    le spécisme ?
  2. Comment peut-il l’intégrer comme un axe prioritaire de sa politique
    publique ?
  3. Quelles pistes et mesures envisage-t-il pour lutter contre les problèmes
    décrits ci-dessus et évoluer vers une société sans exploitation animale et
    cohabitant plus justement avec les animaux sentients ?
  4. Quelles démarches pourrait-il entreprendre auprès du Conseil fédéral
    pour l’aider à agir dans ce sens et conférer progressivement aux
    animaux sentients des droits fondamentaux, tout en favorisant
    l’adaptation économique et sociale du pays ?

Réponse du Conseil d’Etat

Le Conseil d’Etat souhaite qu’aucun amalgame ne soit fait entre spécisme
et maltraitance animale, car il est tout à fait possible d’élever des animaux dans
le respect et le bien-être de ceux-ci. La législation sur la protection des animaux
en vigueur en Suisse est un bon équilibre entre les droits fondamentaux
reconnus aux animaux et les intérêts économiques.

La surveillance et le contrôle du respect de la protection des animaux est
déjà un axe prioritaire de l’Etat de Genève. La lutte contre la maltraitance est
réalisée tant au niveau exécutif, comme le montrent les quelque 218 enquêtes
et interventions menées en 2019 par le service de la consommation et des
affaires vétérinaires, qu’au niveau pénal, avec 54 condamnations infligées la
même année pour des infractions à la législation sur la protection des animaux.

La question de la place des animaux dans la société est constamment en
évolution et le Conseil d’Etat est conscient de cette nouvelle sensibilité.
Cependant, son rôle est d’assurer leur bien-être dans un cadre législatif défini.
Il est également garant du respect des devoirs qu’ont les humains vis-à-vis des
animaux.

En conclusion, le Conseil d’Etat est d’avis que le droit actuellement en
vigueur est assez sévère pour protéger l’animal.